Les résultats de l'étude et le projet de barrage
Engagée fin 2023 et confiée aux bureaux d'étude Miti Consulting et Energis FD, cette étude a bénéficié du soutien financier de la commune de Cestas, de l'Agence de l'Eau Adour Garonne, de SO Coopération et de la Région Nouvelle Aquitaine .
AFM a également reçu l'appui méthodologique de SO coopération dans le cadre de l'incubateur de projets ODD-yssée que l'association a intégré au printemps 2023.
Elle a été terminée en décembre 2024.
Réalisées entre décembre 2023 et décembre 2024, avec une alternance de travaux de bureau et de missions sur le terrain, les études devaient initialement concerner en priorité les 4 villages du plateau Mahafaly les plus impactés par le manque d’eau.
Pour des raisons administratives, le village de Behalintany situé hors zone prioritaire a été écarté de l’étude.
Les 3 villages concernés sont donc : Andremba , Ambory et Andremihory représentant environ 4000 personnes.
Sur le plan technique les études ont permis :
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de confirmer que les forages ne sont pas adaptés sur la zone du projet , les nappes à bon potentiel étant à plus de 100 mètres de profondeur donc inexploitables dans le contexte de la zone.
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d’écarter également la solution de réservoirs REEPS alimentés par les toitures ou par les mares lorsqu’elles débordent à la saison des pluies – car il n’est pas démontré que ce dispositif pourrait suffire à satisfaire les besoins de la population tout au long de l’année.
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de mettre en évidence la présence de sous-écoulements abondants dans toute la zone du projet et l’existence de sites propices à l’implantation de barrages inter-collinaires
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de faire émerger une solution alternative à celle des barrages de surface couplés à des réservoirs REEPS : celle de barrages souterrains captant les sous-écoulements de rivière sèche (barrage REEPS ou inféroflux). Ce type de barrage présente de gros avantages : contrairement aux barrages de surface, le barrage inféroflux est un barrage stable, il permet d’alimenter la population en eau de bonne qualité car stockée dans des granulats (principe du REEPS) donc à l’abri de l’évaporation et des contaminations. Il peut en outre être construit en grande partie par les villageois eux-mêmes, avec des matériaux peu coûteux et disponibles localement (argile et moellons de calcaire). Le coût de sa construction est essentiellement constitué des coûts de main d’œuvre..
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de confirmer par des sondages et des relevés topographiques qu’il est possible de réaliser de tels barrages sur les hauteurs d’Andremba et d’Andremihory/Ambory et d’amener l’eau dans les villages par gravité.
Et sur le plan humain :
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d’évaluer les besoins et de confirmer les très importantes difficultés d’accès à l’eau des populations des villages concernés par l’étude.. A Andremba en saison d’étiage, le temps d’attente au niveau des puits traditionnels varie de 6 heures à 24 heures pour un bidon de 20 litres et ces puits traditionnels se tarissent pendant le mois de juillet jusqu’au mois de novembre . Le seul puits permanent est situé à 30 km. A Ambory il n’y a aucun point d’eau à moins de 8 km. Le manque d’infrastructures entraîne une perte de temps considérable liée à la corvée d’eau et la réduction du temps affecté aux activités génératrices de revenus ainsi qu’une augmentation considérable du taux des personnes atteintes de maladies hydriques.
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de sensibiliser la population à la gestion de l’eau et à l’hygiène, très rudimentaire dans les villages où se pratique très majoritairement la défécation à l’air libre et où l’usage du savon est inexistant.
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de vérifier la forte motivation des villageois pour le projet, leur consentement au paiement de l’eau, leur engagement pour la donation des terrains et des matériaux de construction . Les lettres d’engagements sont signées par les chefs de fokontany et jointes au rapport n°2 de Miti Consulting. Suite au changement de localisation du barrage d’Andremihory/Ambory, la lettre de donation a également été signée par le propriétaire du nouveau terrain et jointe au dossier.
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en revanche de mettre aussi en évidence des tensions au sein de la population à Andremba, seul village disposant de puits saisonniers privés, dont les propriétaires vendent l’eau à des prix parfois prohibitifs. De l’avis des partenaires locaux (CDD), il est souhaitable avant de créer de nouvelles infrastructures d’accès à l’eau, que les villageois s’entendent pour mettre en place un Comité de Gestion de l’eau afin de gérer la ressource existante de façon collective. Cette question ne se pose pas à Ambory et Andremihory où la communauté est beaucoup plus soudée. Dans le village d’Ambory notamment, la population a déjà apporté la preuve de son engagement et de sa capacité à mener collectivement d’importants projets comme la réouverture de l’école du village en janvier 2023.
A l’issue des études le système d’approvisionnement en eau potable retenu est donc une adduction d’eau gravitaire à partir d’un barrage souterrain captant un sous-écoulement de rivière sèche - en privilégiant dans un premier temps les villages d’Andremihory et Ambory pour les raisons évoquées ci-dessus - dont l’eau est amenée par une conduite en Pehd vers 2 réservoirs de 10 m3 chacun - un dans chaque village - avec des conduites de distribution vers des bornes fontaines installées dans les 2 villages.
La réalisation du projet sera effectuée à travers la mobilisation communautaire sous la conduite du CDD avec l’appui technique, le suivi et contrôle assuré par une organisation d’encadrement à recruter.
Est également prévue la mise en place d’un comité de gestion de l’Eau par village et des actions de formation pour la maintenance du barrage, des adductions et bornes fontaines.